Marjane Satrapi


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Affiche du dessin animé Persépolis


Persépolis, film de M. Satrapi et V. Paronnaud


Prix du jury au Festival de Cannes en 2007, Persépolis, film d’animation en noir et blanc de Marjane Saptrapi et Vincent Paronnaud, d’après la bande dessinée éponyme du même auteur, a rencontré un grand succès public mérité, au regard de la sensibilité et de l’humour de l’œuvre, qui associe très étroitement le destin de Marjane à l’histoire mouvementée de son pays, l’Iran, dans la seconde moitié du XXe siècle.

I. L’affiche
Il s'agit d'une affiche de film.
On peut établir une relation entre l'image d'une jeune femme au 1er plan, jeune femme qui se souvient de sa famille et de son pays, représentés dans l'image au second plan. La famille se compose des parents, d'une grand-mère, d'un oncle et d'une petite fille (la jeune femme-enfant).
II. Le contexte historique : quelques grandes dates
1967, 26 octobre : Couronnement du Shah d'Iran
Mohammad-Réza Pahlavi se couronne lui-même shah d'Iran à Téhéran. Il devient le "chahanchah et aryamehr", le "soleil des aryens". Son épouse Farah Diba devient l'impératrice d'Iran. Le shah règnera sur le pays jusqu'à ce qu'il soit renversé par les intégristes religieux chiites en février 1979.

1978, 8 septembre : Vendredi noir à Téhéran
L'armée ouvre le feu sur à la foule réunie place Jaleh (Téhéran) pour manifester son opposition au Shah d'Iran, Mohamed Réza. Une centaine de personnes seront tuées. C'est le début de la fin pour la monarchie des Pahlévi fondée en 1925. En 1979, une république islamique, dirigée par l'ayatollah Khomeiny, sera instaurée. La Révolution iranienne est la révolution de 1979 qui a transformé l'Iran en république islamique, renversant l'État impérial d'Iran de la dynastie Pahlavi.

1979, 16 janvier : Exil du shah d'Iran
1979, 1er février : Retour en Iran de l'Ayatollah Khomeiny
Après 15 ans d'exil, dont il a passé les derniers mois en France à Neauphle-le-Château, le chef spirituel de la communauté chiite fait un retour triomphal à Téhéran. L'ayatollah Ruhollah Khomeiny est accueilli en héros national. Il n'aura de cesse de liquider tous les acteurs de l'ancien régime du shah. Le 1er avril, il instaurera une République islamique en Iran.

1980, 22 septembre : L'Irak envahit l'Iran
Saddam Hussein attaque l'Iran de l'ayatollah Khomeiny. 1,2 million de personnes vont périr dans cette guerre qui va durer huit ans. Un cessez-le-feu sera décrété en 1988, les deux pays adopteront le statu quo et les dictatures de chacun d’eux se durciront davantage.

1981, 30 août : Vagues terroristes en Iran
Le président iranien Mohammad Ali Rajai et son premier ministre Mohammad Djavad Bahonar sont tués lors d'un attentat à la bombe contre le siège du Conseil des ministres à Téhéran. La nouvelle république islamique d'Iran, instaurée en avril 1979, concentre les pouvoirs dans les mains des religieux extrémistes et élimine tous les opposants comme les Moudjahidin du peuple et les militants du parti communiste.

1988, 20 août : Fin de la guerre Iran-Irak

III. L'auteur
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Marjane Satrapi

Marjane Satrapi est née le 22 novembre 1969 dans une famille de Téhéran, proche des idées communistes. Elle vit, en tant qu'enfant, la restriction grandissante des libertés individuelles et les conséquences dans la vie quotidienne des événements politiques de l'époque, particulièrement la révolution islamique et les débuts de la guerre Iran-Irak. Son oncle Anouche, un dirigeant du Parti communiste iranien à qui elle est très attachée, est exécuté pour ses opinions politiques.

En 1984, à l'âge de 14 ans, elle est envoyée par ses parents au lycée français de Vienne, en Autriche, où elle reste pendant quatre ans. Après un retour en 1988 en Iran, et l'obtention d'une maitrise de communication visuelle obtenue à l'école des beaux arts de Téhéran, elle part ensuite, en 1994, en France et fait des études à l'École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Elle réside actuellement à Paris.

Son entrée à l'atelier des Vosges lui donne le goût de la bande dessinée. La vraie révélation vient de la lecture de Maus de Art Spiegelman. Elle publie les quatre tomes de Persépolis entre 2000 et 2003 et obtient un grand succès critique et commercial. En 2003, elle publie Broderies, nommé dans la catégorie du meilleur album au Festival d'Angoulême 2004. Finalement, son dernier livre, Poulet aux prunes, paraît en 2004, couronné cette fois-ci par le prix du meilleur album.

Entre 2005 et 2007, elle réalise en partenariat avec Vincent Paronnaud Persépolis, l'adaptation de sa bande dessinée autobiographique en long métrage d'animation en noir et blanc, sorti le 27 juin 2007. Il est projeté au Festival de Cannes 2007 au sein de la sélection officielle. À cette occasion, la République islamique d'Iran s'est inquiétée de voir la sélection de ce film présentant ce qu'elle trouve être « un tableau irréel des conséquences et des réussites de la révolution islamique». Le film recevra, malgré la polémique, le Prix du Jury du Festival et obtiendra un succès international couronné par deux Césars l'année suivante (ceux du meilleur premier film et de la meilleure adaptation) ainsi que par une nomination à l'Oscar 2008 du meilleur film d'animation. En 2008, elle remporte également le Prix International d'Humour Gat Perich.

En 2010, elle adapte son album Poulet aux prunes au cinéma dans un film éponyme, sélectionné en compétition lors de la Mostra de Venise en 2011, et qui a gagné le prix du meilleur Long métrage au festival international de film d'Abu Dhabi ainsi que le prix du public à São Paulo. Le film sera distribué aux États-Unis en 2012 par Sony Classics.

Elle parle anglais, allemand, italien et suédois en plus de sa langue maternelle et du français. (Source: Wikipédia)

IV. Analyse de l’œuvre

Une œuvre autobiographique
Description des personnages principaux
Marjane ado: cheveux noirs + grain de beauté; curieuse, honnête, vive, rebelle, courageuse, intelligente;
Les parents : bienveillants vis-à-vis de leur fille ; généreux, rusés et clairvoyants, optimistes;
L'oncle Anouche : révolutionnaire communiste (meurt pour ses idéaux). Intègre;
La grand-mère : moderne par son comportement, sa vie libre (divorcée, non voilée), son langage. Elle est le soutien et un modèle pour Marjane. Sa grand-mère a une grande importance dans la vie de Marjane. Elle veille sur elle. C'est un soutien positif qui la fait avancer.Elle lui rappelle ses origines tout en vivant de façon moderne.
Elle souhaite lui transmettre ses valeurs:
- Intégrité: être conforme à ce que l'on est réellement, à ce que l'on pense intimement.
- Dignité : le respect de soi-même et l'absence de mauvaise intention.

La vie européenne
Marjane est maintenant à Vienne et elle essaie de s’intégrer..
Les éléments de la culture occidentale qu’elle aime bien sont la liberté (d'aller et venir, de penser), la littérature, les magasins.
Ceux qui lui posent problème sont l'individualisme et l'absence d'idéaux.
D'ailleurs, elle préfère dire qu'elle est Française pour éviter les préjugés sur la situation politique de l'Iran. Car les européens voient les Iraniens comme des fous qui s'entre-tuent, mal éduqués, voleurs.
Elle choisit finalement de dire la vérité, qu’elle est Iranienne parce qu'elle se rappelle ses origines et qu’elle en est fière.

Une œuvre engagée
Les parents de Marjane préfèrent que leur fille quitte l’Iran à cause de leur situation trop dangereuse.
Pourtant, cela passe mal en Europe pour Marjane, elle revient donc en Iran mais le retour est difficile du fait du choc des cultures.
Le film ne se termine pas bien pour elle car elle est étrangère dans son propre pays mais il y a aussi une lueur d'espoir car elle le quitte et peut être libre.

Une œuvre stylisée
L´auteur a choisi d´adapter la bande dessinée Persépolis au cinéma par la technique du dessin animé.
Le fait de raconter sa vie en BD ou en dessin animé permet plus d'abstraction qu'un film sur la réalité et donne une portée universelle à des événements personnels.
Les émotions sont plus intenses car le dessin permet d'exagérer les représentations
Dans la bande dessinée, les dessins sont en noir et blanc. Les contours sont travaillés soit en noir, soit en blanc. Aucun contraste, tout est en aplats et les fonds, noir ou blanc, renforcent la vision des personnages, de leur silhouette. Persépolis est agrémenté d’un texte bavard au langage familier et courant. Les images, dans ces quatre tomes, illustrent les propos et non l’inverse.

Les scènes évoquant le passé sont traitées en noir et blanc, sans frontière entre rêve et réalité, avec une nuance de gris plus forte dans le rêve; et celles évoquant le présent, en couleurs ce qui accentue la différence avec le passé et rend les choses plus réelles et vivantes.

Les moments de danger représentés en ombres chinoises sur fond grisé qui rappelle le deuil, les heures sombres....

V. Conclusion
C'est donc un film autobiographique et engagé.
=> Marjane Satrapi y défend l'idée de liberté, que ce soit contre l'empereur ou contre la république islamiste: opposition au voile, soirées comme lieu de sociabilisation, langage familier voire vulgaire.
=> Elle y dénonce la guerre et ses absurdités: résistance de l'oncle Anouche, choix du dessin pour atténuer la cruauté de la guerre.
=> Elle invite aussi à la tolérance, au respect de l'intégrité de chacun.

Cette œuvre part d'un exemple particulier pour atteindre une portée générale, UNIVERSELLE: ce qui s'applique à Marjane peut s'appliquer à tous.

Ce film essaie d’harmoniser l’essence poétique du cinéma d’animation avec une volonté de témoignage, une volonté réaliste. Marjane Satrapi parle même de « réalisme stylisé », soit un trait simple sans détail mais expressif. Par ailleurs, elle a été influencée par des œuvres d’art célèbres qu’elle puise dans le patrimoine culturel universel comme Guernica de Picasso ou Le cri de Munch…

Double page de la BD Persépolis
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Photogrammes du film Persépolis correspondant à la double page de la BD
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« Tant qu’on est vivant, on peut crier et se révolter… Il n’y a pas d’arme plus subversive que le rire. » Marjane Satrapi



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