Definicion leu leu de la PI

PIG Gironde
Ligam
La Pédagogie Institutionnelle trouve, pour l'essentiel, ses origines dans le double apport de Célestin Freinet et de la psychothérapie institutionnelle. Élaborée par des instituteurs, ce sont des praticiens qui la fondent. Jean Oury, psychiatre, fondateur de la clinique de La Borde, a proposé les termes de pédagogie institutionnelle. Selon lui, il s'agit de "l'institution de systèmes de médiation dans lesquels les personnes ne sont plus simplement face à face, mais parlent de quelque chose qui existe et œuvrent sur quelque chose qui existe en dehors d'eux et dont ils sont responsables." Institutionnel n'est donc pas à prendre ici dans le sens d'établi mais dans une perspective dynamique.

Pédagogie institutionnelle dans le secondaire Ligam al forum
Message par Artysia le Sam 31 Jan - 21:45
A la demande de certains collègues d'HG, voici une tentative de "définition" courte de la PI telle que je l'ai découverte récemment en formation.

Il existe sur internet plusieurs tentatives de définition de la pédagogie institutionnelle (PI). Ma présentation se veut pratique et non philosophique (ce que je ne maîtrise absolument pas) et non exhaustive.

La PI est née avec Fernand Oury, instituteur dans la banlieue parisienne, inspiré par la pédagogie Freinet dans les années 1960.

Les objectifs sont multiples :
- permettre à l’élève de trouver sa place dans le groupe classe
- permettre à l’enseignement de tenir sa place en sortant d’une relation duelle nocive avec certains.
- Apprendre à l’élève à prendre sa place en respectant les lois et les règles, apprendre à s’exprimer, écouter, prendre des responsabilités.
- Echanger
- Produire
- Découvrir la citoyenneté, le vivre-ensemble
- Retrouver le désir
- ...

Cette pédagogie s’appuie sur des institutions. Ces institutions sont créées par l’enseignant selon sa créativité, ses besoins.
Il en existe 5 principales définies par la PI qui fonctionnent en lien.
Chaque institution a ses règles, connues de tous, rappelées à chaque temps où on la met en œuvre.
Chaque institution a sa temporalité : le rythme auquel va se tenir l’institution est décidé et régulier. Le temps joue son importance, on ne le dépasse pas. Le cadre de chacune structure les échanges et permet d’être rassurant pour les élèves et l’enseignant.

Cette pédagogie peut être liée à la psychothérapie institutionnelle entreprise par Jean Oury.

1. Le Quoi de neuf ?

Règles principales :
- Pas de moquerie
- Confidentialité : ce qui est dit dans la classe, reste dans la classe
- Il faut s’inscrire pour prendre la parole.

Cette institution est un temps d’accueil où la parole est libre dans le sens où aucun sujet n’est imposé.
Un président distribue la parole selon l’ordre des inscriptions et rappelle les règles. Il peut aussi exclure un gêneur de l’institution.
Un gardien du temps veille à ce que l’horaire convenu soit respecté.

L’enfant peut aussi bien parler d’un film qu’il a vu dernièrement, d’une émotion particulière, d’une situation vécue dans sa famille, …
Après qu’on lui ait donné la parole, le groupe peut réagir ou non.

2. La météo

Règles principales :
- Pas de moquerie
- Confidentialité : ce qui est dit dans la classe, reste dans la classe

Contrairement au Quoi de neuf ? , la météo est plutôt un temps de clôture. Elle se déroule en fin de journée, en fin de semaine…
Tous les enfants participent en donnant une métaphore météorologique pour exprimer son ressenti. Cela peut être à l’oral ou par signe. Par exemple un point fermé = orage, une main ouverte = grand soleil, …

L’enfant timide s’exprime également, il prend sa place dans le groupe.
Ceux qui le souhaitent peuvent s’inscrire après le tour de table pour développer plus longuement leur météo.
Cette institution laisse la place au ressenti dans un cadre rassurant. Elle permet également de donner un temps individuel à chacun tout en restant dans le groupe.

3. Les responsabilités

Il s’agit de métiers, créés par le professeur ou demandés par les élèves selon les besoins de la classe.
Quelques exemples :
- responsable des absents (regrouper les documents à faire passer)
- responsable du tableau
- responsable de l’appel
- gardien du temps
- responsable matériel

Pour attribuer les responsabilités, le professeur tient un conseil. Les responsabilités sont présentées aux élèves qui peuvent se porter volontaires pour les exercer. Aucune responsabilité n’est donnée à un élève s’il ne le souhaite pas.
Les responsabilités sont données pour un temps défini par l’enseignant.

L’institution permet de nouveau de donner une place singulière à un élève dans le groupe, à montrer son utilité, … Elle permet également de partager un petit peu du « pouvoir » de l’enseignant, déléguer.

4. Le conseil

Règles principales :
- Pas de moquerie
- Confidentialité : ce qui est dit dans la classe, reste dans la classe
- Il faut s’inscrire pour prendre la parole.
- Respect du temps imparti

Plusieurs métiers existent pour gérer le conseil : président, maître du temps, secrétaire, responsable de l’affichage, ramasseurs des carnets, gardien de la loi …
Le conseil est le lieu ou plusieurs décisions peuvent être prises, où les élèves peuvent critiquer des attitudes, des décisions ; proposer des nouveautés, des modifications.
La plupart des décisions sont prises à l’unanimité. Si des élèves sont contre des propositions alors ils sont inviter à argumenter leur position, ce qui peut les amener à la revoir.
L’enseignant a un rôle capital, il est là pour faire respecter la loi. Toute décision ne peut pas être prise, il a un droit de veto.

Le conseil se déroule en plusieurs étapes.

- sollicitation des métiers, rappel des lois.

- Le compte-rendu du conseil précédent écrit dans un cahier est lu par le secrétaire. Il permet de rappeler les décisions qui ont été prises.

- Temps des propositions : les élèves ont pu s’inscrire préalablement pour faire part de leurs idées. Le groupe réagit à chaque proposition s’il le souhaite, les élèves demandent alors la parole et on procède au vote. Si la proposition est validée alors elle est inscrite sur le compte rendu et sur l’affiche rappelant les décisions du conseil.

- Temps des critiques : de la même manière, l’élève doit s’inscrire avant. On lui demande alors si la critique est toujours d’actualité. Le groupe peut réagir pour proposer des solutions, mais ce n’est pas toujours le cas.

- Temps des ceintures : les élèves souhaitant passer une ceinture se signale. Le conseil procède à l’examen du carnet de correspondance pour savoir si le passage est possible puis vote.

- Temps des coups de chapeau/félicitations : l’élève voulant parler s’est inscrit au préalable. Il décerne des félicitations à un autre.

- Relecture des décisions par le secrétaire.

- Temps de silence à la fin du conseil.

Les propositions n’ayant pas pu être dites durant le conseil faute de temps sont reportées au suivant.
Le gardien de la Loi inscrit les gêneurs sur une feuille et peut les exclure du conseil (mais pas de la salle) au bout du 2 ou 3e non respect des règles.

5. Les ceintures

Fernand Oury s’est inspiré du judo pour établir un système de ceintures. Ses ceintures peuvent être multiples : porter sur le comportement comme le disciplinaire.

Les plus connues sont celles sur le comportement et le travail. L’enseignant établit une grille de critères définissant chaque ceinture : retard, écoute, demande d’explications, mots signés dans le carnet, croix, colles …

Pour passer une ceinture, l’élève doit le demander en conseil. La validation est accordée par le groupe.
En fonction de sa ceinture on a plus ou moins de responsabilités dans le groupe. Le message est clair : si je respecte les devoirs, j’acquière des droits. Pour être président du conseil par exemple, il faut posséder une ceinture élevée.

Les ceintures peuvent être attribuée à l’essai (pour une semaine par exemple), c’est au choix de l’enseignant.

De nombreuses possibilités pour les établir existent, l’enseignant fait selon son souhait.

Le but est que l’élève réfléchisse à son comportement, qu’il prenne conscience qu’on ne peut avoir de droits sans respecter des devoirs, qu’il comprenne ce qu’il doit faire pour progresser.

Des institutions disciplinaires peuvent être créées.

Les enseignants pratiquant la PI sont invités à écrire des monographies d’élève ou de classe. Des récits de ce qu’il se passe dans sa classe afin de les soumettre à un groupe pouvant « juger » l’enseignant, lui donner des pistes de l’extérieur.
Cette PI se pratique donc en groupe, en dehors de l’établissement régulièrement afin de ne pas être seul et d’entretenir une réflexion.
C’est une pédagogie en mouvement, le chemin est aussi important que le résultat et donc tout est à refaire avec un nouveau groupe. Il n’y a pas de recettes toutes faites car on ne sait jamais comment un groupe peut réagir.

N'hésitez pas à me reprendre si je me méprends.