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J'ai en effet reçu une lettre de la mère de Marilou que j'ai lue et fait lire autour de moi pour information sans que je comprenne qu'il s'agissait d'une demande de RDV.

Je l'ai enfin reçue et cela s'est effectivement mal passé. Je n'ai pas voulu rester en têt à tête avec elle et l'ai conduite à la direction afin qu'elle explique ce qui ne lui convenait pas dans mon attitude...
Il ressort de cette entrevue qu'elle ne supporte pas d'entendre parler de situation d'illettrisme mais insiste plutôt sur des problèmes relationnels et psychologiques dus à la "précocité" de sa fille, de son fils et d'elle-même.

En attendant que soit attestée cette précocité, mon évaluation est que Marilou a de très grosses difficultés tant sur la lecture (déchiffrage laborieux sans accès simultané au sens) que sur l'écriture (prise de notes lente, expression écrite limitée). Surprenant de la part d'une élève bien notée en 6ème et 5ème avec 14/20...

J'ai donc mis en place les outils réservés aux élèves dyslexiques en particulier: dictée aménagée, secrétariat (moi-même) en évaluation, étayage en atelier.
Je peux donc témoigner que les leçons de langue et de culture ne sont pas apprises, que le vocabulaire technique d'analyses littéraire et grammaticale n'est pas maîtrisé, que le niveau de compréhension des consignes, même reformulées, est insuffisant. Mais je dispose à présent d'un certain nombre de diagnostics qui pourraient faciliter la progression de Marilou, au moins à l'oral avant d'obtenir une écriture plus fluide et une réflexion plus approfondie.

Il me semble indispensable d'inciter fermement sa mère à faire appel à des aides spécialisées (bilans orthophonique et psychologique) pour pallier des lacunes trop importantes pour un niveau de 4ème.

Sur le plan de l'intégration dans le groupe classe, je n'ai noté que l'attitude positive du groupe qui n'a jamais bronché ni manifesté quoi que ce soit lorsque j'ai fait lire Marilou à haute voix lorsqu'elle l'a demandé.
En revanche, en 3ème, lors du parcours de lecture d'Un secret, roman autobiographique d'un psychanaliste sur fond de 2nde guerre mondiale, des commentaires péjoratifs des élèves sur ses prises de position pro-nazi sont ressortis, plutôt unanimes: une seule voix s'est élevée pour supposer que, ce faisant, Marilou cherchait peut-être à provoquer sinon à se faire remarquer.

Mon impression, à l'heure actuelle, est que cette gamine ne se sent pas à la hauteur des fantasmes maternels et qu'en se réfugiant derrière des difficultés d'apprentissages fondamentaux, elle évite d'être jugée ou évaluée à la baisse, ce qui ne manquerait pas d'entraîner le désamour de sa mère, du moins le croit-elle?