Compte-rendu de la rencontre sur la coopération en collège et lycée

Collège Fontcarrade – Montpellier – 27 mai 2016

Présents :
Céline (HG - Montpellier) – Sandrine (ULIS - Montarnaud) – Nathalie (Gallargues) - Bernadette (Français - Le Vigan) - Laurence (HG - Montpellier) – Julie (Maths - Montpellier) – Bernard (Maths - Pignan) – Sandrine (Français - Paulhan) – Rémi (Maths - Clarensac) – Corinne (Français - Clarensac) – Patrick (Occitan - Montpellier) – Carine (Maths - Montpellier) – Pierre (PE - Montpeller) –Sylvain (SE - Montpellier) – Rémy (Philo – Nîmes) - Manuela (Espagnol – Sète) - Lucie (Philo – Béziers)

La rencontre a débuté par un tour de présentations puis par une liste des thèmes que les participants ont proposé d’aborder. Un vote non exclusif a permis de choisir le thème de la réunion. Les débats ont débuté après un repas coopératif.

L’autonomie des élèves (8)
Les plans de travail (14)
Ce qu’est la coopération – la classe coopérative (15)
L’évaluation des acquis des élèves (4)
L’évaluation par ceintures (8)
Apprendre à aider (9)
Transmettre la nécessité de la coopération (5)
Le tutorat et les échanges entre élèves (7)
Des récits d’expériences de coopération (5)
L’organisation de la coopération entre adultes (14)

Ce qu’est la coopération et la classe coopérative
A l’origine, la classe coopérative est celle issue de la tradition de la Pédagogie Freinet, reprise par les travaux en Pédagogie Institutionnelle qui parlent de TFPI : techniques Freinet Pédagogie Institutionnelle. Chez Freinet, la coopération vient du monde ouvrier. Il a repris cette idée et ces organisations pour les appliquer à l’école.
Aujourd’hui, les projets de classes coopératives seraient surtout ceux où les enseignants organisent des formes diverses de coopération entre élèves : travail en groupe, en binôme, aide, tutorat, … Reste à savoir si les pédagogies coopératives sont un objectif en soi ou sont au service d’objectifs divers, comme la formation du citoyen, la gestion de l’hétérogénéité, la gestion des conflits, … ?
Qu’est-ce que serait une classe non coopérative ? Certainement une classe où la concurrence entre élèves serait recherchée et entretenue. Cela soulève par ailleurs la question de la pratique de la notation dans les évaluations.

Les objectifs
Au sujet du passage entre le 1er et le 2nd degré, transmettre des valeurs sur le travail coopératif serait plus facile dans le primaire : dans le secondaire, la segmentation du temps et des disciplines représente une barrière, au service de l’individualisme, le chacun pour soi. Or, c’est important que l’élève, en tant qu’individu, puisse se développer au sein du groupe, ne serait-ce pour se préparer au monde du travail. Pour autant, ça reste difficile de proposer aux élèves un cadre de travail différent. Beaucoup de choses liées aux habitudes de fonctionnement de l’institution créent des obstacles.
La coopération intervient également à travers des contraintes ou des incitations posées par l’enseignant qui insiste pour que la classe se soucie des élèves qui manifestent un besoin d’aide.
Un souci de l’enseignant peut être que les élèves fassent l’expérience que l’on est plus intelligent à plusieurs que seul ; sortir d’une concurrence d’égo, aboutir à une construction de pensée qui se construit sur les avis partagés. Un autre objectif est de permettre aux élèves d’être heureux d’apprendre.

Bienveillance et plan de travail
Une caractéristique de la classe coopérative serait la bienveillance portée aux élèves par les adultes. Les adultes contribueraient à ce que le cadre de travail au collège ou au lycée soit moins violent. Pour qu’une coopération entre élèves se passe bien, la bienveillance de l’adulte et entre les adultes apparaît comme une condition importante.
Il apparaît en même temps que la bienveillance n’est pas que du ressort de la classe coopérative. Les enseignants qui développent de la coopération manifestent une propension plus forte pour le regard bienveillant sur les élèves, mais ce serait surtout dû au fait que la coopération n’est pas une prescription forte, qu’elle s’appuie sur une démarche volontaire et donc concerne des enseignants qui veulent s’inscrire dans une démarche valorisée de leur métier et de leurs élèves.
La bienveillance correspond surtout à une qualité humaine, compatible également avec des fonctionnements traditionnels. La coopération serait plutôt une façon d’organiser la classe. Il pourrait même y avoir des formes de décentration de l’enseignant sans coopération : c’est le cas notamment de l’individualisation ou d’une situation de recherches sans intervention de l’adulte.
Le plan de travail est un outil d’organisation de cette individualisation (Cf. Helen Parkhurst). Mais à partir des travaux de C. Freinet, cette individualisation ne peut être pensée qu’au sein d’une organisation coopérative du travail des élèves.

Le temps
Comment appréhender le temps de manière différente ? Comment s’ouvrir à leur temps d’élève ? Comment ouvrir des espaces où le temps n’est pas que celui de l’adulte ?
La coopération est pensée comme un moyen d’optimisation du temps scolaire. Les enseignants qui organisent la coopération se doteraient d’une sorte de don d’ubiquité : n’étant plus la seule personne en classe autorisée à transmettre des informations, les élèves ont la possibilité de se trouver moins longtemps en situation de blocage et donc s’ennuient moins. Cela correspond à des fonctionnements où l’enseignement est moins frontal qu’autrement. Cette participation des élèves peut correspondre aussi aux responsabilités que les élèves acceptent de prendre pour faire vivre la vie coopérative de la classe. La décentration, où l’enseignant n’est plus le seul relai, participe donc à la coopération. Lorsque les élèves se voient confier des libertés et de telles responsabilités, ils les respectent plutôt bien. Cela a pour conséquence davantage de plaisir pour les élèves et pour l’enseignant.
Une façon de faciliter la participation des élèves est de baliser le temps du cours en présentant au élèves la liste de ce qui est prévu en plus des temps ritualisés (accueil, météo des émotions, fonctions, …, bilan, devoirs).

Le conseil coopératif
Une technique forte de la coopération est le conseil d’élèves : pour des projets (d’élèves, pas seulement d’enseignants), des décisions, éventuellement du règlement de conflit, des organisations de classes, etc. Les valeurs de cet outil seraient de susciter les fonctionnements par participation démocratique.
Par exemple, toutes les 3 semaines, avec des fonctions confiées à des élèves volontaires (par exemple « lanceur de sujets », secrétaire, …), à partir d’un ordre du jour, des règles de parole, des modalités de prises de décisions … Ces conseils peuvent se faire sur les heures de vie de classe.
Même si le conseil est au cœur d’une classe coopérative, cela reste complexe à installer au démarrage. Il est même possible de construire une classe coopérative, au moins au début, sans conseil.
Le conseil gagne à être organisé lorsqu’il est nécessaire de se réunir pour prendre des décisions collectives. Il devient une alternative équitable à la décision prise seule par l’adulte. Des conseils sans raisons d’exister ont pour risque de voir apparaître ce qui dysfonctionne au sein du groupe et ainsi contribuer à en dégrader le climat.

Coopération en travail de groupe
La coopération se traduit aussi par de l’organisation du travail de groupe. Cela fonctionne souvent bien, mais cela pose la question de la posture de l’enseignant : que fait-il ? Laisse-t-il les élèves travailler ou intervient-il pour les aider ?
Lorsque la coopération se fait entre élèves hétérogènes, le but est de faire en sorte que celles et ceux qui rencontrent des difficultés ne lâchent pas leur problème en acceptant que d’autres les réalisent à leur place.

Bilan météo : soleils : 15 - nuages : 3 - pluies : 0.
Plein de questions, avec plein de questions en suspens.
Plein d’idées enrichissantes, notamment sur le conseil, les tuteurs, les plans de travail, …

Prochaine rencontre : collège Calandreta de Montpellier en juin. La date sera décidée via la liste [coop2nd].

Des présentations de classes coopératives en collège sont disponibles ici :
http://www.icem34.fr/index.php/ressources/colloque-pratiques-cooperatives

Un padlet est ouvert pour des ressources sur la coopération en collège/lycée :
https://padlet.com/hgvangogh/Portailprepacoop2